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21 sept. 2009

Ayah Paul Abine victime d’exactions policières

Le député de la Manyu vient de saisir le patron de la police pour se plaindre des abus des éléments de ce corps.



L’affaire a commencé à être relayée par nos collègues de la Crtv dans leur programme dominical “Cameroon calling”. Ayah Paul Abine, député Rdpc de la Manyu dans la région du Sud Ouest qui avait déjà maille à partir avec les autorités parlementaires à Yaoundé doit à présent faire face à la fronde des éléments de la police dans sa circonscription électorale. Dans une récente correspondance adressée au délégué général à la Sûreté nationale, avec copie au président de la République, il relève “les humiliations” dont il est désormais victime de la part des éléments des forces de police dans la région du Sud Ouest et qui de leur propres aveux, auraient reçu des instructions. Tout serait parti le 1er juin 2009 quand le député qui, comme d’habitude, doit regagner sa circonscription électorale en passant par … le Nigeria voisin, il n’existe aucune route carrossable qui permet de lier cette zone au reste du pays, est interpellé par des éléments de la police à Ekona.

“Quand mon chauffeur a expliqué à la police qui j’étais, un policier qui parlait un français approximatif a demandé ma carte d’identité. Je lui ai dit qu’elle se trouvait dans mon sac à l’arrière du véhicule. Le policier a alors ordonné à son collègue de crever les roues du véhicule, dès lors que nous essayerions de nous enfuir. Il a prétendu que je pouvais être un faussaire…” explique-t-il dans sa correspondance au nouveau patron de la police camerounaise. Non sans relever que concomitamment à ces menaces, “ses collègues nous réclamaient de l’argent “. Une attitude qui semblait ne pas inquiéter ses interlocuteurs “Lorsque je leur ai demandé s’ils imaginaient les conséquences de leurs demandes, ils m’ont rétorqué qu’il ne pouvait y avoir d’effet d’aucune sorte. ” Une attitude qui selon le député avait une justification ” Quand je leur ai demandé pourquoi ils me traitaient de manière aussi méprisante, sachant qu’aucun parlementaire ne pourrait souffrir pareille humiliation, ils m’ont répondu qu’ils avaient des instructions. ”

Démarches

Le second acte des désagréments de l’élu de la Manyu viendra selon sa correspondance le 9 août 2009, cette fois dans la ville de Mamfé. ” Ce jour-là, (écrit-il), la police a arrêté mon véhicule et réclamé un certificat de visite technique. Nous avons expliqué que la voiture avait passé un mois au garage à Kumba ; nous ne pouvions donc obtenir un tel certificat sans avoir testé la voiture à Ombé. ” Insuffisant selon les éléments de la police qui vont décider de la saisie des pièces du véhicule et de celles du conducteur ” … qui ne devraient nous revenir qu’après un paiement en argent. Nous nous y sommes opposés. ” Suffisant pour les ” hommes de loi ” pour infliger une convocation au député pour leur bureau dès le lendemain. S’en suivra des va-et-vient qui durerons finalement jusqu’au 17 août : ” un policier en service nous a dit que le registre à la main courante indiquait que nos papiers avaient été apportés au commissariat ce matin-là seulement, nous devions donc nous adresser au commissaire de police en charge de la sécurité publique le lendemain à 10h. En ce qui concerne le permis de conduire de mon chauffeur, il ne restait que la négociation. Nous nous en référerons au commissariat de sécurité publique en moyenne deux fois par jour durant toute cette semaine.

Le Gmi en fait n’avait pas transmis nos papiers à la sécurité publique. “Des” démarches ” qui vont durer selon lui, jusqu’au 27 août quand il réussira à se faire remettre la carte grise de son véhicule, alors que pour le “permis de conduire, la réponse était la même : il fallait négocier.” L’élu de la Manyu se verra alors remettre un numéro de téléphone qui devait permettre de joindre ses interlocuteurs pour la négociation. Un numéro qui s’avère finalement être celui d’une … commerçante chinoise basée à Douala. Et l’élu de s’en remettre au patron de la police ” De par les lois de la République, jusqu’alors, je compte parmi les autorités qui bénéficient d’une protection spéciale de la police. Les mauvais traitements dont je suis victime indiquent combien les droits des Camerounais ordinaires sont protégés. ”

Du côté de la délégation générale à la Sûreté nationale, personne ne veut visiblement évoquer le sujet. Que ce soit au cabinet du maître des lieux, au secrétariat général ou encore à la cellule de la Communication et des relations publiques où nous avons finalement été envoyés. ” Il ne s’agit pas d’un cas d’urgence “, nous a-t-on répondu au cabinet du délégué général Emmanuel Edou, alors que le commissaire principal Joseph Marie Nomo, le responsable de la Communication indique simplement ” Je ne suis pas au courant de cette affaire… “.

Intolérance politique

Nous sommes 72 heures après les manifestations commémoratives de la deuxième Journée internationale de la démocratie. Le thème choisi pour cette seconde édition de cette commémoration qui est une initiative des Nations Unies répondant à la demande de l’Union interparlementaire (Uip) était “Démocratie et tolérance en politique”. Le lieu choisi pour ces manifestations au Cameroun était le palais de l’Assemblée nationale sur les hauteurs de Ngoa Ekellé. Manifestations au cours desquelles fut organisée une table ronde calquée sur le thème de dette deuxième journée. Jean Emmanuel Pondi, universitaire et politologue camerounais de renom, parlant justement de tolérance lors de ces échanges, a tenu à indiquer que la tolérance est justement le fait de “respecter les droits, les libertés et les opinions de ceux dont on ne partage pas les points de vue.”

Plus d’un an après la modification constitutionnelle du 10 avril 2008 au cours de laquelle Ayah Paul Abine, député Rdpc de la Manyu dans la région du Sud Ouest, avait clairement tenu à prendre ses distances de cette initiative du président de la République et par ailleurs président national de sa formation politique, les esprits ne semblent pas encore à la tolérance dans les rangs des tenants du pouvoir au Cameroun. Au cours des échanges d’il y a trois jours dans la salle des Commissions du 2ème étage de l’Assemblée nationale, les représentants du Rdpc ont tenu à démontrer à quel point la tolérance est rentrée dans les mœurs et même dans les pratiques politiques dans notre pays. Ce que vit cet élu dans sa circonscription électorale dépasse le simple cadre de l’intolérance pour atteindre celui de l’humiliation, voire de l’inacceptable pour un pays qui se veut un Etat de droit.


De par la Constitution camerounaise, les députés sont avec le président de la République, les seuls élus bénéficiant d’une immunité. Ceci, sans doute compte tenu de l’importance des missions qui sont les leurs. Au cours de la table ronde organisée à l’occasion de la 2ème Journée internationale de la démocratie, Magloire Ondoa, lui aussi universitaire relevait que “Le Cameroun est sans doute le seul pays au monde où les policiers ne sont pas formés au respect des principes constitutionnels…” Ce qui peut les amener à s’exclamer parfois “Vos lois là c’est pour vous ! ”

Disposer d’une cocarde de député en règle n’était pas suffisant pour nos “amis” de la police d’Ekona. Disposer d’un dossier en règle n’est plus non pas suffisant pour espérer circuler en toute quiétude dans nos rues. Il faut désormais se plier à une autre obligation : donner la somme de 500 francs à son interlocuteur. Les nombreuses sanctions infligées aux éléments de la police nationale ne semblent pas avoir eu d’effet sur les autres. D’ailleurs, il n’y a pas longtemps, un étranger de passage dans notre pays ne relevait-il pas que ” Le Cameroun est sans doute l’un des rares pays au monde où des gens sont mis en prison pour avoir détournés de l’argent public et cela ne sert pas de leçon aux autres… ”

© Mutations : Jean Francis Belibi

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